L’ouverture de la messagerie sécurisée de l’État s’accélère

Jusqu’à récemment réservée aux fonctionnaires de l’État, Tchap, la messagerie instantanée et sécurisée de l’État, a été progressivement ouverte, crise sanitaire oblige, à d’autres catégories d’acteurs publics et institutionnels. Derniers en date : les députés de l’Assemblée nationale.

Telegram et WhatsApp boutées hors des bancs de l’Assemblée nationale ? Non, ces solutions étrangères n’ont pas encore été bannies de la Chambre basse, mais elles devront à présent faire de la place à leur nouvelle concurrente tricolore. Depuis le début de la semaine, les députés peuvent en effet échanger des messages directement via l’application de discussion instantanée de l’État, Tchap, qui était, avant la crise sanitaire, réservée aux seuls agents publics de l’État.

“Je peux maintenant discuter en direct avec les services de l’État, avec mon préfet, avec mon commandant de brigade de gendarmerie”, s’enthousiasme le député LREM Thomas Gassilloud, qui plaide depuis deux ans pour le déploiement d’une application de messagerie “souveraine”, tant dans les services de l’État que pour les députés, voire pour l’ensemble des citoyens.

Jusqu’à présent, le député utilisait WhatsApp pour converser, notamment avec ses collègues députés, mais aussi avec les maires de sa circonscription dans des groupes dédiés. “Ce choix de solution de communication ne peut être que temporaire, car il pose deux questions : celle de la sécurité des échanges et celle de l’intégration dans les systèmes d’information de l’État”, expose le député du Rhône. C’est, selon lui, la crise actuelle qui a déclenché une prise de conscience sur la nécessité de disposer d’une application publique de communication en direct, car elle met en avant “l’utilité du temps court dans la gestion de l’urgence”. Un temps court auquel est peu habitué l’État, mais auquel il est bien obligé de s’adapter. 

Convention de partenariat avec les collectivités territoriales

En moins d’une semaine, une centaine de députés auraient déjà adopté la messagerie instantanée et sécurisée de l’État. Comme eux, de nombreux autres acteurs ont commencé à s’en emparer depuis plusieurs semaines. Jusqu’au mois de mars, seuls les agents publics de l’État pouvaient utiliser Tchap pour converser. Mais crise sanitaire et confinement obligent, la direction interministérielle du numérique (Dinum) en a profité pour ouvrir les vannes de manière expérimentale, petit à petit, en assumant cette extension sur son propre budget, au moins jusqu’en 2021.

Les pompiers et secouristes ont été les premiers à pouvoir en bénéficier, à partir du 27 mars. L’application est ouverte depuis maintenant deux semaines “à l'ensemble des sapeurs-pompiers”, indique la Dinum à Acteurs publics. Quant aux personnels hospitaliers, l’accès leur a été déjà accordé dans une dizaine d’établissements de santé.

Fin mars, la direction faisait savoir que les collectivités territoriales pourraient elles aussi rejoindre l’expérimentation. Mi-avril, une trentaine de communes, agglomérations et départements ont effectivement signé une convention de partenariat. Et une extension à une multitude d’autres acteurs est maintenant envisagée, notamment aux établissements publics sous tutelle ministérielle, à des institutions et autorités indépendantes comme l’Arcep et la Cour des comptes, ou bien encore à l’Unedic. Le député Thomas Gassilloud espère qu’un jour tous les citoyens pourront l’utiliser en lieu et place des applications étrangères. Mais d’abord, il souhaite qu’elle soit étendue aux maires afin de faciliter la relation maires-préfets, appelée à se renforcer dans la perspective du déconfinement.

Utilisation en progression

En attendant, les chiffres d’utilisation de Tchap ont bondi ces dernières semaines en raison de ces nouvelles ouvertures. Environ 150 000 agents y sont maintenant inscrits au total, contre 89 000 avant le début de la crise, et ce après un an de déploiement. Le nombre de messages envoyés quotidiennement avoisine désormais les 160 000, contre seulement 15 000 avant le confinement. Un chiffre multiplié par dix en quelques semaines, mais qui reste relativement faible au regard de la population d’utilisateurs concernés (5 millions d'agents publics).

La Dinum ne précise pas la répartition de ces chiffres, mais un calcul rapide indique qu’un utilisateur n’envoie en moyenne qu’un message par jour. Ce qui semble très peu pour une application de messagerie instantanée... Pour nuancer ces chiffres, la direction assure qu’une “majorité des inscrits sont actifs chaque semaine” mais que l’envoi de messages n’est pas l’unique cas d’usage de Tchap. “On y trouve par exemple de nombreux salons libres d’accès qui rassemblent un grand nombre de membres mais où seule une poignée d’experts s’exprime et relaie des informations dans leur domaine de prédilection : achats publics, cybersécurité, intelligence artificielle, Covid-19”.

Quant à l’enrôlement de nouveaux utilisateurs, lui aussi limité au regard des nouvelles populations à laquelle Tchap s’est ouverte, la Dinum explique que l’objectif est avant tout de faciliter l’entrée de nouvelles catégories d’utilisateurs “et de bien mesurer l’adéquation du service à ces nouvelles populations et aux nouveaux usages qu’ils drainent, avant d’en accélérer l’utilisation”

Emile Marzolf

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