La direction interministérielle du numérique clarifie sa doctrine sur les outils de visioconférence

Après une période de flottement liée à l’urgence de la crise et à la mise en place soudaine du télétravail pour la plupart des agents publics, la Dinum a finalement produit un document pour aider les administrations et leurs agents à choisir les bons outils de visioconférence. Un éclairage bienvenu, alors que la polémique enfle semaine après semaine autour de l’outil américain grand public et très populaire Zoom.

En est-ce fini de Zoom dans les administrations ? Depuis le début du confinement, difficile de cerner la doctrine de l’État en ce qui concerne les outils numériques de visioconférence. D’abord peu enclin à couper l’herbe sous le pied des nombreux agents publics qui se sont tournés vers tout un tas de solutions de visioconférence pour continuer de travailler, l’État s’est finalement résolu à mettre les choses au clair. Et cette fois, c’est l’administration en charge du numérique qui s’y est collée. La direction interministérielle du numérique (Dinum) a en effet mis en ligne un document de synthèse pour évaluer les différentes solutions de visioconférences du marché.

Aux côtés des solutions basées sur le logiciel libre Jitsi – dont celle de l’État, WebConférence –, la Dinum passe ainsi au crible, dans un tableau, plusieurs outils privés : Starleaf, Rainbow, Livestorm, Whereby et Tixeo. Ce dernier est d’ailleurs recommandé par la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) et même par l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (Anssi), qui l’a qualifiée de sûre. 

Répartir la charge sans orienter vers une seule solution

“La publication de ce tableau procède du constat qu’en période de confinement, il y a un besoin accru en solutions de réunion à distance. Les solutions d’audioconférence ne sont en effet pas toujours suffisantes, dès lors qu’il s’agit, par exemple, de partager des documents ou d’échanger par messages”, indique à Acteurs publics Xavier Albouy, adjoint au directeur interministériel du numérique et chef du département “performance des services numériques”. Sans compter que la vidéo peut aussi servir à rompre l’isolement des agents.

À ce titre, il y avait bien une solution étatique, WebConférence, mais elle a été très rapidement prise d’assaut, avec un taux d’utilisation multiplié par 5, selon la Dinum. Une surcharge qui a d’ailleurs poussé la direction à activer l’audio par défaut, pour ménager le service. Avec son tableau, la direction ne cherche pas à pousser une offre, mais plutôt à alléger la charge en répartissant les agents sur différents services, et en leur permettant de faire un choix éclairé. “L’idée n’est pas de privilégier une solution car aucune n’est vraiment meilleure que les autres sur l’ensemble des critères. Toutes ont leurs forces et faiblesses, qui dépendent par ailleurs de la typologie des besoins de chaque organisateur de conférences”, précise l’adjoint au Dinum. 

Le tableau de la Dinum décortique ainsi, pour chacun des 7 services référencés, leurs caractéristiques et fonctionnalités : nécessité ou non de créer un compte, installation d’un logiciel ou accessibilité via le navigateur, existence d’une application mobile, nombre de participants, possibilité de partager son écran, prix… Seul bémol, mais de taille, le tableau ne s’attarde pas pour le moment sur l’expérience des utilisateurs et donc sur l’usage et la performance des différentes offres. C’est pourtant le critère le plus déterminant dans le choix d’une solution. Le tableau est néanmoins appelé à évoluer, pour éventuellement intégrer de nouvelles offres, ou de nouveaux critères.

Trouver un compromis entre simplicité et sécurité

Ce nouveau comparatif fait suite à un précédent tableau, dressé par la direction générale de l’administration et de la fonction publique (DGAFP) la semaine dernière. Celui-ci, déjà dans une volonté d’aiguiller les agents publics dans le choix des outils, évaluait plusieurs solutions, dont certaines très grand public : Hangouts (Google), Skype (Microsoft) et la populaire mais controversée Zoom. 

Ce premier document a néanmoins rapidement été retiré et c’est désormais celui de la Dinum qui fait foi. Là où la DGAFP référençait les 3 solutions grand public tout en mettant sérieusement en garde les agents quant à leur politique de protection des données, la DSI de l’État a préféré s’en tenir uniquement aux solutions offrant des garanties en la matière, en privilégiant notamment un hébergement des données sur le sol européen. “Notre position est claire : il faut trouver un équilibre entre facilité d'utilisation et sécurité des données, c’est pourquoi nous ne promouvons que les solutions qui offrent un minimum de garanties de protection des données”, fait valoir Xavier Albouy.

D’ailleurs, l’utilisation de ces outils, prévient la Dinum, ne vaut que pendant la période de crise sanitaire. “L’outil des agents de l’État par défaut est la Webconférence de l’État, la possibilité d’utilisation ou non des autres outils après la crise n’est pas garantie et fera l’objet d’une réévaluation”, indique le site Web de la direction. Pour l’heure, si rien ne permet de dire que la doctrine de l’État en matière d’outils numériques s’assouplira dans la durée, après la crise, cette dernière aura en tout cas eu le mérite de confronter les administrations et leurs agents à la réalité du travail à distance, et à ses implications en termes d’organisation comme d’outils.

Par Emile Marzolf

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