Quand on parle de transformation numérique dans le secteur public, nous sommes à une croisée des chemins. Les administrations gouvernementales sont encore souvent dotées de technologies anciennes et n'ont aujourd’hui pas d'autre choix que de se moderniser pour pouvoir opérer dans un monde davantage centré sur les données et confronté à de nombreux enjeux de cybersécurité.
En effet, on constate que la souveraineté des données et la cybersécurité sont les deux grands moteurs qui accélèrent aujourd’hui la transformation numérique des administrations publiques. À ce sujet, je remarque que les problématiques rencontrées par les secteurs public et privé convergent à bien des égards autour d'un besoin commun : comment mieux protéger et gérer les données et, en particulier, comment garder le contrôle de ces données, véritables actifs stratégiques, qu'elles soient sur site, en colocation ou dans le cloud public.
Afin de bien appréhender le texte, deux études sont à prendre en considération : celle de Vanson Bourne (The Enterprise Cloud Index) et celle du cabinet Gartner qui convergent sur plusieurs points.
L’administration française s’engage aujourd’hui résolument dans la voie du cloud hybride
L’étude menée par Vanson Bourne (The Enterprise Cloud Index) pour Nutanix a récemment examiné l'impact du multicloud hybride sur les organisations du secteur public à travers le monde. L'objectif était de mettre en évidence les projets, les priorités, les défis et les expériences des professionnels de l'informatique du secteur public dans le monde et de les comparer à ceux du secteur de l'industrie.
Les principales conclusions de cette étude sont intéressantes car les chiffres montrent qu'au cours des trois prochaines années, les organisations du secteur public se lanceront dans des investissements liés au multicloud. Il est intéressant de noter que le pourcentage d'organisations du secteur public ayant déployé le multicloud hybride aujourd'hui (8%) est inférieur à celui des autres secteurs. Cependant les projections interpellent car près des trois quarts des répondants du secteur public (73%) prévoient d'exploiter plusieurs environnements informatiques d'ici 2026. Ce n'est que dans trois ans !
Dans ce contexte, la pénétration du multicloud hybride devrait atteindre 39% d'ici 2026. Les répondants du secteur public s'attendent à ce que leur utilisation de tous les autres modèles d'exploitation informatique diminue sur la même période.
Selon un rapport publié en mai dernier par le cabinet d’analystes Gartner, les gouvernements du monde entier doivent augmenter leurs dépenses informatiques de près de 8% sur l’année 2023 ce qui équivaut quand même à près de 590 milliards de dollars. Le rapport du cabinet Gartner indique aussi que le remplacement des applications existantes est un moteur majeur du changement dans le secteur public, avec 57% des DSI gouvernementaux, augmentant le financement de la modernisation des applications cette année de 43% par rapport à 2022.
L'Enterprise Cloud Index de Vanson Bourne reflète également cette tendance. Les principaux facteurs qui motivent les décisions d'achat d'infrastructure informatique dans le secteur public sont : la cybersécurité (13%), la souveraineté des données (13%), la protection et la récupération des données (11%) et la durabilité (9%). Le coût n'ayant été choisi que par 4 % des personnes interrogées.
Bien que l’adoption du cloud hybride offre d’énormes avantages et se profile comme une tendance majeure pour les prochaines années, elle n’est pas sans défis. La transition vers le cloud hybride nécessite, entre autres, une planification minutieuse de l’infrastructure à mettre en place, une formation adéquate des équipes IT et une gestion pointue des données. Sans oublier que l’application du Règlement Général sur la Protection des données (RGPD) reste une préoccupation majeure.
Malgré ces défis, l’administration française s’engage aujourd’hui résolument dans la voie du cloud hybride. Cette transition est le reflet de l’engagement du gouvernement à moderniser ses opérations, à améliorer l’expérience des citoyens et à garantir la sécurité des données.
Pour conclure, l’adoption du cloud hybride par l’administration française marque un tournant majeur dans l’histoire de la gestion gouvernementale et offre une transformation numérique complète. Elle améliore l’efficacité opérationnelle, renforce la sécurité des données, favorise l’innovation et permet une meilleure prestation de services. En embrassant le cloud hybride, les administrations françaises peuvent façonner un avenir numérique plus efficace, résilient et centré sur le citoyen.