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Fabien Tastet (AATF): “Les hauts fonctionnaires territoriaux ne sont pas déconnectés des enjeux du XXIe siècle”

Avec un sens du timing aiguisé, l’Association des administrateurs territoriaux de France (AATF) a annoncé la création d’un label “hauts fonctionnaires territoriaux, experts climat”. Un dispositif qui emboîte le pas au plan de formation annoncé par le ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, Stanislas Guerini, et qui ne devrait concerner les fonctionnaires territoriaux qu’à l’horizon 2025. Le point avec Fabien Tastet, président de l’AATF.

Fabien Tastet, président de l'Association des administrateurs territoriaux de France (AATF).

Dans quel contexte s’inscrit la création de ce label ?
Les hauts fonctionnaires territoriaux ont toujours été à l’avant-garde sur les sujets importants qui s’imposent dans la société et dans le corps social. Ainsi, nous avons très tôt travaillé sur l’égalité femmes-hommes dans la fonction publique ou encore sur l’innovation managériale. Un constat qui est directement lié à notre statut de haut fonctionnaire de terrain. Nous vivons et travaillons dans les territoires au milieu des Français et nous sentons bien les changements qui s’opèrent dans la société. En matière de transition écologique, les Français ont besoin de sentir que celles et ceux qui les dirigent ou qui accompagnent les dirigeants-élus, maîtrisent ces sujets de transition écologique. Nous avons donc lancé ce label comme une preuve incontestable attestant aux yeux de l’opinion publique que ces questions occupent une place centrale dans nos préoccupations et notre formation. Il était important de signifier que les hauts fonctionnaires territoriaux sont aussi au rendez-vous.

Quel accueil la création de ce label a-t-il reçu auprès de vos membres ?
Depuis que nous avons fait cette annonce, nous avons constaté un réel engouement pour le dispositif. De nombreux adhérents souhaitent faire partie du groupe projet qui va piloter et réfléchir sur le label. C’est un élément assez rassurant sur le degré de prise de conscience de chacun et chacune sur les enjeux de transition écologique. Cela permet aussi de contrer la petite musique que j’entends encore souvent sur un soi-disant décalage des hauts fonctionnaires par rapport aux enjeux de leur époque. Les fonctionnaires territoriaux ne sont pas déconnectés des enjeux du XXIe siècle.

Il faut mettre en mouvement l’ensemble de l’écosystème sur les questions de transition écologique.

Concrètement, comment ce label va-t-il se déployer, notamment en matière de formation ?
Il ne se construit pas en deux minutes dans l’esprit de 3 personnes. C’est un processus qui va s’étaler dans le temps. Dès début novembre, nous allons réunir le groupe projet en charge du déploiement. De nombreux collègues ont déjà exprimé la volonté de s’engager dans le projet. Le top départ des travaux se fera à partir du 5 novembre. La première étape sera, dès 2023, de permettre à tous les hauts fonctionnaires territoriaux de suivre la formation à la “Fresque du climat”. Il s’agit réellement d’une première pierre à la construction du label. La Fresque du climat est une formation reconnue de trois heures, très accessible et fait partie des outils essentiels pour travailler sur les sujets de transition écologique.

Comment allez-vous travailler sur la certification ?
Qui dit label, dit certification. L’idée reste que les collègues puissent afficher ce label par exemple dans leurs candidatures ou sur les réseaux sociaux et apparaître comme des experts climat certifiés. Il faut donc passer par la voie académique. Nous sommes actuellement en pourparlers avec des établissements d’enseignement supérieur mais aussi avec des organismes comme l’Afnor ou encore des ONG. Cela fait partie de nos pistes de réflexion. Nous allons également travailler en étroite collaboration avec le gouvernement sur ce sujet. Nous sommes pour le décloisonnement de la haute fonction publique et nous allons travailler en ce sens. Dernier étage de la fusée : si nous voulons, demain, que les hauts fonctionnaires territoriaux certifiés “experts climat” puissent vraiment faire bouger les choses, conseiller et accompagner les élus, il faut mettre en mouvement l’ensemble de l’écosystème sur les questions de transition écologique, y compris les grandes entreprises et les grands opérateurs de l’énergie. Ce label ne doit pas être la reconstitution du mur entre public et privé. Sur cette question de transition écologique, les enjeux sont communs.

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