Alors qu’il devient de plus en plus probable que nous ne soyons pas en mesure de respecter l’objectif de 1,5°C d’augmentation moyenne de la température de l’accord de Paris, la planification écologique est plus que jamais à l’agenda du Gouvernement avec 7 milliards d'euros de dépenses supplémentaires en sa faveur dans le PLF 2024.
De fait, les acteurs publics se sont saisis à bras le corps des problématiques environnementales avec notamment un plan de formation ambitieux de 25 000 hauts fonctionnaires à la transition écologique d’ici à 2024 pour intégrer ces problématiques dans la fabrique de l’action publique et la publication de nombreuses feuilles de route : énergie climat, géothermie, etc.
Les émissions du secteur public représentent autour de 20% des émissions nationales totales. Les acteurs publics ont donc un devoir d’exemplarité qui impose de réduire leurs émissions avec une ambition accrue. Cela passe par exemple par la rénovation du bâti, l’écoconception des nouveaux projets et l’éco-optimisation des outils informatiques utilisés.
Cependant, si la décarbonation des services publics eux-mêmes est nécessaire, elle n’est pas suffisante. Les acteurs publics doivent porter des politiques sectorielles dédiées pour permettre la mutation des secteurs les plus émetteurs (transports, agriculture, industrie et construction, énergie) en allant jusqu’à transformer la façon d’exercer leurs métiers. Cela s’inscrit également dans l’objectif de réindustrialiser le pays, présent dans la stratégie française pour l’énergie et le climat.
Dans cette optique, les quelque 100 milliards d'euros annuels de la commande publique doivent favoriser les fournisseurs les plus vertueux grâce à l’ajout systématique de clauses environnementales dans les marchés publics. Cela permettra également de développer des filières industrielles compétitives, qui soient pleinement conscientes de leur responsabilité environnementale.
Enfin, l’accord de Paris nécessite une division par cinq de l’empreinte carbone moyenne d’un français. Ce changement de paradigme repose sur une transformation profonde de l’économie pour la rendre davantage circulaire et sur une évolution des modes de consommation vers plus de sobriété. D’après le rapport Pisani-Mahfouz de juin 2023, cette sobriété peut être d’ailleurs source de bien-être pour l’ensemble de la population.
Le défi de la décarbonation de l’action publique au sens large est immense. Des actions significatives ont été entreprises mais leur ambition doit être renouvelée et amplifiée pour garantir notre capacité à vivre dans un monde habitable. Le colloque du 15 décembre 2023, dont Capgemini est partenaire, fera le point sur certains défis et initiatives remarquables pour inspirer l’action publique.
Nicolas VOGTENBERGER, Manager et Jean-Baptiste PERRIN, Vice-Président Développement Durable, chez Capgemini
