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Un tiers des métiers de la territoriale serait bouleversé par le numérique

Dans une étude prospective sur l’évolution de la fonction publique territoriale, le CNFPT pointe la probable disparition de quantités de métiers, du fait notamment de l’automatisation et de la disparition progressive du papier. 

“Près d’un tiers des métiers territoriaux seront fortement impactés par la transition numérique”. Le tableau à dix ou quinze ans brossé par le Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT) promet d’importants bouleversements pour les métiers et compétences des agents publics territoriaux. C’est en tout cas ce que conclut une étude prospective publiée le 27 octobre, dans laquelle la direction de l’observation prospective des emplois, des métiers et des compétences du CNFPT s’est intéressée tout particulièrement aux impacts de la transition numérique sur la fonction publique territoriale. Ses auteurs sont d’abord partis d’un diagnostic de la situation actuelle, pour anticiper des scénarios d’évolution des métiers plus ou moins “disruptifs” et enfin de faire des propositions d’adaptation, en particulier dans l’offre de formation du CNFPT. Ce nouveau travail prospectif fait suite à une précédente étude, rétrospective, qui faisait le bilan, en 2018, des transformations en cours, tant à l’échelle des organisations et des métiers qu’à l’échelle des individus et de leur quotidien d’agents publics territoriaux.

Le constat de ce volet “prospectif” est clair. Le déploiement de nouvelles technologies (intelligence artificielle, robots, télésurveillance, drones…), l’arrivée de nouveaux modes d’organisation du travail (télétravail, outils collaboratifs…), de nouvelles obligations règlementaires et enfin de la transformation de la relation avec les usagers (civic-tech, dématérialisation des démarches…) sont les grands facteurs de transformation identifiés par l’étude. “En visualisant, en localisant les niveaux et la nature des impacts, comme leur temporalité, [la cartographie des impacts sur les métiers] contribue à fournir et à objectiver des éléments nécessaires à la définition d’une stratégie de positionnement du CNFPT et à la priorisation des actions d’accompagnement et de formation qui seront mises en œuvre”, indique le CNFT pour expliquer sa démarche. 

Métiers menacés

Si l’ensemble des 241 métiers répertoriés de la fonction publique territoriale sont concernés de près ou de loin par la transition numérique, trois catégories de métiers, qui peuvent par ailleurs se recouper, “nécessitent une attention particulière”. D’abord, les métiers dits “sensibles”, soit les plus directement touchés par la transformation numérique. On y trouve une quarantaine de métiers : gestionnaires des marchés publics, chargés d’accueil social, secrétaires de mairies…

Le CNFPT met aussi l’accent sur les métiers menacés par une baisse d’effectifs du fait de l’automatisation des processus, du développement des guichets uniques dématérialisés et de la mutualisation ou encore de la disparition du papier. 33 métiers pourraient ainsi voir leurs effectifs baisser d’ici 10 à 15 ans, comme les officiers d’état-civil (dont la dématérialisation a commencé au Quai d’Orsay), les techniciens de laboratoires, les gestionnaires des ressources humaines, les chargés d’accueil en tous genres, ou bien encore les assistants de gestion administrative. En résumé, l’étude pointe la disparition ou le déclin vraisemblable des activités liées à l'abandon du papier (archivage, courrier, délivrance…), à la gestion administrative routinière, à l’accueil généraliste, aux tâches manuelles et répétitives, ou de surveillance. 

Nouveaux métiers

Les 20 métiers “à plus forts effectifs” qui représentent 1 million d’agents, soit plus de la moitié des agents territoriaux, ont également été étudiés de plus près par l’étude. Ils sont peut-être moins directement touchés par le numérique, mais le volume d’emplois fait que leur évolution mérite d’être suivie attentivement : les assistants de gestion administrative (au nombre de 109 000), les chargés d’accueil (44 540 agents), ou encore les agents chargés de la propreté des locaux (166 620 personnes). “Certains de ces métiers font partie par ailleurs des métiers “sensibles” et des métiers soumis à une possible baisse d’effectifs à terme. Cette conjonction doit attirer l’attention des manageurs et des DRH, en particulier sur la nécessité d’être pro-actif en engageant des actions à la fois générales et ciblées quant à l’impact du numérique sur les conditions de travail de ces métiers”, souligne l’étude.

La numérisation ne fait pas seulement peser un risque de disparition de certains métiers, elle est aussi et surtout amenée à faire évoluer les compétences utiles dans les métiers existants, voire de nouveaux métiers. Ainsi, les activités de pilotage et de gestion assistées par le numérique, ainsi que l’analyse de données ou le design de services figurent parmi les activités “émergentes” identifiées par le CNFPT. Quand d’autres sont appelées à “monter en puissance”, comme les activités liées à la dématérialisation (saisies, contrôles, reporting…), le traitement de données, la sécurité informatique, la médiation numérique ou encore l’assistance et le support aux utilisateurs. Autant de métiers pour lesquels il faudra développer des formations adaptées, à temps et en nombre, pour ne pas que les collectivités se fassent dépasser par la transition numérique.
 

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