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Sigrid Berger : “L’attractivité passe par l’innovation dans les concours et les processus de sélection”

Administratrice territoriale et fondatrice de la plate-forme d’emploi dédiée au service public Profil public, Sigrid Berger estime nécessaire de repenser le mode de sélection dans la haute fonction publique au-delà des futurs concours “talents”.

La création des concours “talents” et celle du futur Institut national du service public sont-elles de nature à doper l’attractivité de la fonction publique ?
Au-delà de la création d’un concours externe spécifique et de l’Institut du service public, il nous semble important de repenser le mode de sélection car les seules classes “talents” ne seront pas suffisantes pour garantir la représentativité. À la suite des annonces gouvernementales, nous appelons à aller plus loin en osant repenser les concours de la fonction publique afin qu’ils restent fidèles à leur objectif premier : garantir l’égalité des chances tout en répondant aux attentes et aux compétences des agents publics de demain. En effet, la fonction publique doit être en capacité de recruter les meilleurs talents pour développer les services publics de demain et faire face aux défis de la transformation publique (innovation, numérique, data…). Dans un contexte de guerre des talents, il s’agit d’offrir à ces profils recherchés une expérience candidat à la hauteur de leur engagement. L’enjeu est de proposer des formats et des contenus moins académiques. 

L’apport du numérique, de la data ou encore des neurosciences permettent aujourd’hui d’évaluer les compétences en proposant une expérience candidat plus attractive et moins académique.

Vous appelez à une réinvention des formats et du contenu des concours : concrètement, comment faire ?
Il faut miser sur des solutions innovantes dans les concours et dans les processus de sélection. L’apport du numérique, de la data ou encore des neurosciences permet aujourd’hui d’évaluer les compétences en proposant une expérience candidat plus attractive et moins académique. Notre voisin espagnol a d’ailleurs lancé une grande consultation pour repenser ses processus de sélection, partant du constat que les épreuves des concours de la fonction publique sont encore beaucoup trop académiques et motivent de moins en moins de jeunes. Après notre livre blanc “Marque employeur & service public” et notre étude “Recrutement et secteur public”, nous avons d’ailleurs décidé de nous pencher cet été sur des exemples RH internationaux qui pourraient inspirer le secteur public français.

Pensez-vous que la mobilisation contre la pandémie est de nature à créer des vocations ? À rendre le secteur public plus attractif ?
Si la fonction publique souffre globalement d’un manque d’attractivité, les talents sont de plus en plus nombreux à vouloir mettre leurs compétences au service de l’intérêt général, trouver plus de sens et d’impact dans leur métier au quotidien. À la question “après la crise, seriez-vous prêt à rejoindre le secteur public ?” [étude de novembre 2020 en partenariat avec Makesense, Switch Collective et la Casden, ndlr], ils sont 71 % des répondants à se dire prêts à le rejoindre… mais pas à n’importe quelles conditions. En témoigne l’incroyable vent de solidarité qui a traversé la société pendant la crise, à l’image de la réserve civique avec ses 317 114 réservistes (un nombre de bénévoles jamais atteint jusqu’alors), ou encore du mouvement “Tous confinés, tous engagés” lancé par l’association Vendredi, qui a permis à plus de 200 organisations de mobiliser leurs collaborateurs. Ils constituent un vivier intéressant pour répondre aux nouveaux défis de l’action publique et leurs profils variés présentent de nombreux atouts : une expertise de terrain, une culture de l’entrepreneuriat, un engagement et une logique “orientée solution”. 

Les candidats ne sont pas forcément dans une logique de « faire carrière au sein d’une institution » mais sont davantage attachés à un « projet » qui les anime.

Plus largement, que dites-vous aujourd’hui aux employeurs publics ? Comment mieux vendre les métiers et les carrières du secteur public et comment accélérer la mise en œuvre d’une véritable marque employeur “secteur public”, que vous appelez de vos vœux depuis quelque temps déjà ?
Les candidats ne sont pas forcément dans une logique de “faire carrière au sein d’une institution” mais sont davantage attachés à un “projet” qui les anime. Au-delà de “vendre les métiers et carrières du secteur public”, il nous semble plus intéressant de mettre en valeur les projets inspirants et les défis à relever au sein des institutions. C’est d’ailleurs dans cette logique que nous avons construit notre plate-forme ainsi que notre partie média, dans laquelle nous aidons les candidats à découvrir des projets inspirants et à explorer les coulisses des organisations. Il y a là un double enjeu : faire changer les regards sur le secteur public et communiquer davantage sur ses initiatives innovantes, ses acteurs engagés pour l’intérêt général et ses emplois. Le point positif, c’est que des initiatives émergent, à l’image de la dernière campagne vidéo lancée par le ministère de la Transformation et de la Fonction publiques pour lever les idées reçues. Nous aidons aussi les organisations à prendre conscience qu’une transformation est nécessaire. Au-delà du “sens” et de “l’impact direct et local”, les candidats recherchent avant tout plus de flexibilité et d’autonomie dans leur travail.

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Club des acteurs publics

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