Scénario catastrophe pour la “macronie” à l’issue du second tour des législatives, dimanche 19 juin. La majorité présidentielle n’ayant obtenu qu’une petite majorité relative et certains ministres ayant été battus, c’est en effet une semaine cruciale qui s’ouvre pour Emmanuel Macron. Comme le veut l’usage au lendemain des législatives, le chef de l’État aura tout d’abord la lourde tâche de composer un nouveau gouvernement. Il peut s’agir d’ouvrir le gouvernement actuel en fonction des alliances éventuellement nouées ou a minima de remplacer les ministres battus.
Plusieurs ministres candidats ont en effet échoué à la porte du second tour des législatives ce dimanche et sont donc démissionnaires d’office, selon la tradition. C’est le cas de la ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, Amélie de Montchalin, ou encore de la secrétaire d’État chargée de la Mer, Justine Benin, battues respectivement dans l'Essonne et en Guadeloupe. Également éliminée, dans le Pas-de-Calais : la ministre de la Santé et de la Prévention, Brigitte Bourguignon. Cette dernière vient d’ailleurs d’annoncer son départ du gouvernement.
J’y ai mis toutes mes forces face à l’extrême droite. Compte tenu de ce résultat, je quitterai le Gouvernement et mes fonctions de ministre de la Santé et de la Prévention. Je veux remercier le Président de la République et la Première ministre pour leur confiance.
— Brigitte Bourguignon (@BrigBourguignon) June 20, 2022
Richard Ferrand tombe du Perchoir,
un nouveau président en vue pour l’Assemblée nationale
Si un remaniement imminent se profile donc, reste à savoir quelle nouvelle équipe gouvernementale le chef de l’État retiendra, avec pour objectif, bien sûr, de remporter un vote de confiance devant la nouvelle Assemblée nationale. Un Palais-Bourbon largement renouvelé après la forte percée de l’union de la gauche (la Nupes) et, surtout, du Rassemblement national.
Tous les regards seront en effet tournés vers l’Assemblée nationale en cette semaine post-second tour avec d’intenses tractations en vue. Le prochain groupe des députés LREM a déjà prévu d’élire son président mercredi 22 juin. Ce sera, dans tous les cas, un nouveau président, après la défaite aux élections de l’actuel titulaire, Christophe Castaner.
Le mardi 28 juin marquera ensuite l’ouverture de la XVIe législature avec, pour commencer, l’élection du nouveau ou de la nouvelle président(e) de l’Assemblée nationale. En effet, Richard Ferrand ne rempilera pas à ce poste en raison de sa défaite au second tour des législatives dans le Finistère. Le 28 juin marquera aussi la date limite de constitution des groupes politiques.
La présidence de la commission des finances, enjeu majeur
Le lendemain, mercredi 29 juin, seront nommés les 22 membres du très stratégique bureau de l’Assemblée nationale, tout comme les 3 questeurs, les 6 vice-présidents de l’Assemblée et ses 12 secrétaires.
Les 8 commissions permanentes de l’Assemblée nationale se réuniront ensuite, jeudi 30 juin, pour élire leurs membres et leurs présidents respectifs. La composition d’une commission sera particulièrement scrutée, celle de la commission des finances qui, selon la tradition, est dirigée par un élu d’opposition. Ce qui devrait donner lieu à une bataille entre le RN, LFI avec la majorité présidentielle en abritre.
Déclaration de politique générale le 5 juillet
Une autre étape cruciale s’ensuivra : la déclaration de politique générale du gouvernement, prévue pour l'heure le mardi 5 juillet et à l’issue de laquelle le nouvel exécutif devrait engager sa responsabilité devant les députés. Une tâche qui s’annonce déjà ardue. À noter que La France insoumise a déjà promis de déposer, à cette occasion, une motion de censure contre le gouvernement. Pour rappel, bien que l’engagement de responsabilité sur leur programme ne soit pas obligatoire, la plupart des gouvernements nouvellement nommés y ont recours.
Si l’équipe Macron parvient à obtenir la confiance de la nouvelle Assemblée nationale, les travaux législatifs devraient rapidement commencer. Parmi les premiers textes qui seraient examinés dans ce cas : le projet de loi sur le pouvoir d’achat, que l’exécutif a prévu de présenter le 6 juillet en Conseil des ministres avant son passage devant le Parlement. Ce texte, pour rappel, doit notamment acter le dégel de la valeur du point d’indice de la fonction publique. Une promesse de campagne d’Emmanuel Macron.