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Réforme gigogne ou bombe à fragmentation ?

La réforme de l'encadrement supérieur de l'État qui porte en elle la fonctionnalisation des préfets, des corps d’inspection, préservera-t-elle la neutralité ? Et qu'en sera-t-il de l'attractivité de la haute fonction publique ?

Ouvrir les portes et les fenêtres de la haute fonction publique, voilà l’objectif de l’ambitieuse réforme voulue par le président de la République.

Une réforme gigogne, qui parle au grand public avec le sacrifice de l’ENA, et dont les conséquences sont difficiles à mesurer pour la future élite administrative. Au point que certains parlent d’effet dominos, d’autres de bombe à fragmentation.

Car en donnant ce coup de pied dans la fourmilière, Emmanuel Macron a-t-il calculé les effets du chamboulement à venir ? Dommage, au passage, que le choix de procéder par ordonnances prive le pays d’un débat parlementaire et d’une étude d’impact qui auraient été utiles sur le diagnostic et les conséquences de la réforme, au-delà des caricatures.  

L’ambition présidentielle part du postulat qu’il faut diversifier les profils, dépoussiérer les carrières, décloisonner, pour rendre nos hauts fonctionnaires plus audacieux, plus en prise avec la réalité, moins attachés à la norme qu’à l’efficacité des services publics. C’est louable, surtout que

La crise sanitaire a révélé bien des carences

. C’est pour cela que le centre de gravité de la réforme s’est déplacé de l’ENA, placée en tête de gondole, vers les carrières, avec en arrière-plan le procès de la “rente” et des grands corps. 

L’émotion est vive dans la haute fonction publique et chez ceux qui aspirent à la rejoindre. Non pas que notre élite administrative soit particulièrement - sensible, elle est habituée au bashing, mais deux questions essentielles restent sans réponse : d’abord, comment cette réforme qui porte en elle la fonctionnalisation des préfets, des corps d’inspection, préservera-t-elle la neutralité ? Alors que plane l’ombre des extrêmes à un an des élections présidentielle et législatives, ce n’est pas anodin.

Enfin, la question de l’attractivité. Comment faire en sorte que les meilleurs choisissent encore de servir dans la haute fonction publique dans cinq ans, dans dix ans ? Sans prendre en compte ces deux piliers, l’édifice de la réforme serait dangereusement fragilisé. 

Bruno Botella, directeur de la rédaction d'Acteurs publics

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Club des acteurs publics

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