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Numérique : équiper et former massivement les agents publics

Les injonctions ministérielles à augmenter la part du télétravail dans les administrations ne suffiront pas si l’État et les collectivités territoriales n’investissent pas massivement dans l’environnement numérique des agents.

Bruno Botella, directeur de la rédaction d'Acteurs publics

C’est l’un des acquis de cette crise : un an de pandémie nous a fait gagner à tous cinq ans de maturité numérique. Pour assurer ses missions, le secteur public a tenté, parfois dans la douleur, de rattraper son retard, mais un coup de pression politique n’est jamais inutile… La ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, Amélie de Montchalin, a présenté, jeudi 4 mars, un an après le déclenchement soudain de la crise sanitaire, sa feuille de route numérique pour les 400 jours restants avant la fin du quinquennat Macron.

Au-delà des grands projets en cours (identité numérique, cloud, dématérialisation…), la question de l’appropriation des outils numériques par l’ensemble des fonctionnaires est essentielle. Dicté par les contraintes sanitaires, le télétravail va s’installer durablement dans les administrations, qui étaient très peu préparées à cette évolution. Compte tenu du poids du secteur public en France, faire monter en maturité numérique 5 millions d’agents – même si tous les métiers ne sont pas “télétravaillables” –, c’est faire franchir un palier à l’ensemble du pays. Les employeurs publics devraient donc donner l’exemple en formant et en équipant massivement. 

Il est grand temps de mettre un terme à cette misère numérique.


Du côté de l’État, des efforts ont été réalisés l’an dernier, avec le déploiement de 160 000 ordinateurs portables, et le gouvernement entend équiper 200 000 agents supplémentaires en 2021. Dans le plan de relance, une enveloppe de 82 millions d’euros sur les 500 millions réservés à la mise à niveau numérique des administrations est destinée à financer l’amélioration de l’environnement de travail numérique. Car acheter des ordinateurs portables ne suffit pas, il faut permettre aux agents qui travaillent chez eux d’accéder de manière sécurisée à leurs dossiers, à leurs messageries, ce qui nécessite là encore des investissements et des budgets. 

Ne pas engager d’efforts significatifs aujourd’hui, c’est faire passer le message que, finalement, tout pourrait redevenir comme avant une fois la crise sanitaire passée, alors que l’occasion est donnée de transformer une épreuve en opportunité. C’est en particulier le cas dans l’éducation nationale, forte de ses 800 000 enseignants.

Les professeurs ont globalement montré, depuis un an, leur agilité numérique, mais ils ont fait part aussi de leur détresse face à des environnements peu fiables et à du matériel obsolète. Le ministère a répondu en instaurant une prime d’équipement personnel de 150 euros par an sur trois ans, ce qui permet à peine d’amortir l’achat d’un ordinateur portable, de piètre qualité et sous-équipé… Aujourd’hui, dans nombre d’établissements, l’entretien du parc informatique et des systèmes est encore géré de manière amateure, avec des règles de sécurité laissant à désirer. Il est grand temps de mettre un terme à cette misère numérique en déployant – cela concerne l’État et les collectivités locales - un plan de rattrapage massif afin de permettre à nos enseignants et à nos enfants de faire un bond en avant.

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Club des acteurs publics

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