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La droite se divise sur les suppressions de postes dans la fonction publique

Candidats à la primaire des Républicains pour l‘élection présidentielle, Xavier Bertrand et Michel Barnier désapprouvent la proposition de Valérie Pécresse de supprimer 150 000 postes, préférant du “sur-mesure“. Un discours beaucoup moins offensif que par le passé, qui confirme un changement de braquet de la droite sur les suppressions de postes dans la fonction publique.

Les candidats à la primaire des Républicains, réunis mardi 19 octobre par le président de LR Christian Jacob

Les réductions de postes dans la fonction publique font débat chez les candidats de la droite à l’élection présidentielle de 2022. Alors que Valérie Pécresse avait promis lundi la suppression de 150 000 postes dans l’“administration administrante” (elle parle désormais de 200 000 postes), ses deux principaux rivaux à la primaire des Républicains, Xavier Bertrand et Michel Barnier, ne se sont engagés sur aucun chiffre. Ils viennent toutefois de désapprouver la proposition de la présidente de la région Île-de-France.

“On doit réduire le nombre (d’agents publics) à l’occasion des départs en retraite et des fins de contrat, mais je veux faire du sur-mesure”, a ainsi déclaré Xavier Bertrand sur Sud Radio ce mercredi 20 octobre. L’ancien ministre de la Santé a également promis qu’il ne “toucherai(t) pas au cheveu d’un seul soignant”. “Par contre, sur toute la partie administrative à l’hôpital, où les effectifs ont augmenté de façon importante, on doit pouvoir réduire”, a précisé le président de la région Hauts-de-France. 

Michel Barnier, lui aussi, s’est donc dit défavorable à la proposition de Valérie Pécresse. “Je ne dis pas cela. Comme je ne pense pas que l’on puisse rendre les fonctionnaires responsables quand l’État ne fonctionne pas, je ne ferai pas cela”, a-t-il ainsi affirmé sur RTL ce même 20 octobre. Et de promettre des “redéploiements” : “Il faut plus de fonctionnaires de police sur le terrain, plus de professeurs mieux payés. Les Français ne trouvent plus à qui parler : un visage une voix. À force de numériser tout, on déshumanise tout.” 

Loin des surenchères de 2016  

Les réactions de Xavier Bertrand et Michel Barnier en réponse à Valérie Pécresse confirment le récent changement de discours de la droite sur les suppressions de postes dans la fonction publique, marqué désormais par une absence de chiffrage. Un discours beaucoup moins offensif qu’à l’époque de la Présidence Sarkozy et de la Révision générale des politiques publiques (RGPP), qui avait abouti à la suppression de 150 000 postes, ou encore qu’au moment des surenchères des candidats à la primaire de la droite en 2016. 

Ce changement de braquet de la droite avait déjà été amorcé par Les Républicains (LR) lors d’une convention sur l’“efficacité de l’action publique” organisée en mars dernier. Sans le dire franchement, LR sous-entendait que l’augmentation du temps de travail dans le secteur public permettrait de réduire les effectifs au sein de la fonction publique. Le parti se refusait toutefois à donner des “objectifs chiffrés”, notamment sur la réduction du nombre de fonctionnaires. 

“Comptabilité un peu malsaine”

Pourquoi ? “Parce qu’on l’a beaucoup fait et que l’on s’aperçoit que ce sont souvent des objectifs que l’on n’atteint pas, avait alors expliqué le président de la commission des finances de l’Assemblée nationale et ancien ministre du Budget de l’ère Sarkozy, Éric Woerth. Cela crée de la polémique, une résistance anormale et une comptabilité un peu malsaine.” Allusion à la promesse faite en 2017 par le candidat malheureux de la droite à la présidentielle, François Fillon, de supprimer 500 000 emplois publics.

Même son de cloche chez un autre candidat à la primaire de la droite, Philippe Juvin, le maire LR de la Garenne-Colombes (Hauts-de-Seine). “La droite, ma famille politique, s’est un peu caricaturée ces dernières années, déclarait-il dans une interview à Ouest-France fin août. Son alpha et son oméga étaient de dire : « Il faut moins de fonctionnaires ».” À ses yeux, “la droite ne doit plus être le Père Fouettard des services publics, elle doit se moderniser et comprendre que les services publics sont le ciment du fonctionnement de la société”. Philippe Juvin proposait à cette occasion de “redéployer 300 000 des 5 millions de fonctionnaires au contact des gens” durant le prochain quinquennat. Également candidat à l’investiture de la droite, Éric Ciotti fixe quant à lui un objectif chiffré, puisqu’il propose la suppression de 250 000 postes dans la fonction publique, le régalien excepté. Le député des Alpes-Maritimes cible notamment les “fonctions administratives”.

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