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Johanne Fora-Porthault : “Les techniques d’innovation ne doivent pas être réservées aux seuls experts”

Membre du comité exécutif de l’association de jeunes agents publics FP21, Johanne Fora-Porthault souligne le rôle central des acteurs territoriaux pour porter l’innovation publique.

On entend beaucoup parler d’intelligence artificielle, de data ou de smart city… Pour autant, innover n’est pas qu’un enjeu technique, mais cela concerne aussi nos manières de faire société et nos méthodes pour y arriver. Le principe fondamental de mutabilité du service public, qui pousse l’action publique à s’adapter aux évolutions de la société pour répondre aux nouveaux besoins des citoyens, ne se cantonne pas à la technologie. Et ce d’autant plus dans un contexte où un changement s’opère dans la relation qu’entretiennent les administrations avec leurs administrés, devenus “usagers-citoyens” et parfois même “clients”, comme dans la fonction publique québécoise : le marketing, les questionnaires de satisfaction, l’accueil client sont autant d’expressions, parfois empruntées au secteur privé, devenues usuelles.

Les territoires sont en première ligne de cette nouvelle relation car le citoyen y est accessible : il se rend au guichet de la mairie, à l’hôpital, dans une école, parfois il connaît bien ses élus, avec lesquels il partage directement ses attentes. Ces relations de proximité entre les services publics et les citoyens permettent de saisir les évolutions de leurs attentes et d’y répondre localement. Les laboratoires d’innovation territoriale lancés par la direction interministérielle de la transformation publique (DITP), répartis partout en France, portent cette ambition : changer les pratiques, les mentalités “par le bas” pour favoriser l’émergence d’écosystèmes propices à l’amélioration de notre société.

La démocratisation de ces dynamiques d’innovation territoriale implique une formation des agents et une acculturation.

Le Lab’Est [pour les services déconcentrés de la région Grand Est, ndlr] s’organise par exemple en mode “hors les murs” pour que les solutions soient directement guidées par l’expérience des agents sur le terrain. Dans la même veine, on trouve le programme d’intrapreneuriat “Bulle d’innovateurs” de la ville de Pau, un programme précurseur développé par Cornelia Findeisen, alors directrice générale adjointe, qui permet aux agents de développer leur projet en interne comme une start-up. Il arrive également que les citoyens eux-mêmes se fassent porteurs de projets lorsqu’ils sentent un déficit de service, comme le montrent les initiatives “Makesense” ou “Start-up de territoire”, qui font vivre ces nouvelles dynamiques à la croisée entre citoyenneté et entrepreneuriat.

Cependant, la démocratisation de ces dynamiques d’innovation territoriale implique 2 choses : une formation des agents aux techniques d’idéation collective et d’intelligence ouverte (mais les formations CNFPT manquent cruellement) et une acculturation car aujourd’hui, nombre d’agents en charge de ces sujets sont des experts à qui les termes “ESS” ou “innovation ouverte” ne parlent pas. C’est en ce sens que FP21 a conclu un partenariat avec le French Impact [programme d’accompagnement de projets d’innovation sociale porté par le ministère de la Transition écologique et solidaire, ndlr] et travaille avec le Centre national de la fonction publique territoriale, pour que les techniques d’innovation et de créativité ne soient pas réservées aux seuls experts du domaine.

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Club des acteurs publics

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