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François Durovray : “Le vote électronique obligatoire peut contribuer à refonder la démocratie”

“Le suffrage électronique obligatoire peut devenir le levier d’une régénération de notre démocratie et donc de notre cohésion sociale”, affirme dans cette tribune le président LR du conseil départemental de l’Essonne, François Durovray. “Il est temps d’ouvrir le débat”, estime-t-il, à l’approche des prochaines échéances départementales et régionales. 

La crise sanitaire, économique et sociale que nous traversons est également démocratique. J’ai l’intime conviction qu’il faut d’abord résoudre cette crise pour résoudre les autres. L’imbroglio de la présidentielle américaine est assez caractéristique de l’impasse dans laquelle se trouvent nos sociétés modernes. La France est pleinement concernée, avec un désintérêt, voire un rejet massif, du politique qui s’aggrave depuis des années. Pourtant, le besoin et la demande de politique n’ont jamais été aussi grands qu’aujourd’hui pour protéger nos concitoyens.

Nous sommes à un moment de bascule qui nous bouleverse, mais nous invite à repenser notre modèle de société. Les crises sont en effet des sources d’opportunité pour conduire au changement. Durant le confinement, le numérique a permis d’opérer un vrai virage pour réinventer l’école, le travail. Pourquoi ne servirait-il pas aussi à réenchanter notre démocratie ? À l’aube des prochaines échéances départementales et régionales, il est temps d’ouvrir le débat sur l’instauration du suffrage électronique.

J’y ai été longtemps réfractaire, attaché à la portée symbolique du vote et inquiet du risque de fraudes. Mais les temps ont changé et la technologie permet désormais de garantir la sincérité du vote, tout comme la sûreté et la protection des données. Il est donc temps d’envisager la consultation à distance de nos concitoyens.

D’abord parce qu’elle permettrait de lever un certain nombre de barrières matérielles du processus électoral dans le contexte actuel : plus de problèmes de sécurité sanitaire pour les électeurs ou d’obstacles à leur déplacement, plus de lourdeur organisationnelle dans la tenue des bureaux de vote et le dépouillement…

Revivifier notre système représentatif

Ensuite parce qu’il permettrait de revivifier notre système représentatif en introduisant, avec la consultation électronique, davantage de démocratie participative, voire directe. Aujourd’hui, élus comme citoyens ne disposent que de l’arme atomique du référendum. Les débats publics et autres conventions citoyennes organisés ces derniers mois ne sont que des ersatz de démocratie et sapent la légitimité des élus issue du suffrage universel. En revanche, dans un monde où le rapport au temps a changé, il faut admettre que l’on ne peut se contenter d’un seul rendez-vous électoral tous les cinq ou six ans. Si la consultation électronique est bien encadrée pour assurer la pluralité des opinions, un maire ou un président de département pourrait l’utiliser pour éclairer sa décision, autant sur le fonctionnement de la cantine que sur les règles d’urbanisme.

Au-delà du vote électronique, c’est d’ailleurs la question de la modernisation de notre administration qui doit se poser. J’ai eu l’occasion de me rendre en Estonie pour étudier leur système X-Road, qui permet, avec une simple carte d’identité et un mot de passe, une relation dématérialisée simplifiée entre les e-residents et l’ensemble du secteur public, qu’il s’agisse de la crèche, de la cantine, du centre des impôts ou de l’hôpital. Le vote électronique doit donc être une première étape à l’ouverture de ce chantier de modernisation.

En revanche, il ne lève pas l’écueil de la mobilisation. C’est pourquoi il faudrait coupler le suffrage électronique au vote obligatoire. Voter est un droit mais aussi un devoir. Avec le vote par Internet, ce n’est plus l’électeur qui ira à l’urne, mais c’est l’urne qui ira à l’électeur. Cette obligation serait, au final, peu contraignante pour les citoyens mais les rendrait tous responsables du choix de leurs élus. Elle aurait aussi pour mérite d’inviter tous les candidats et les partis politiques à s’adresser à l’ensemble des concitoyens et non plus à certaines franges de la population pour des logiques de marketing électoral.

En définitive, le suffrage électronique obligatoire peut devenir le levier d’une régénération de notre démocratie et donc de notre cohésion sociale en embarquant tous les citoyens dans la construction de la maison France.

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