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En difficulté, le DSI de l’État va quitter son poste

Après trois années passées à la tête de la direction interministérielle du numérique de l’État, Nadi Bou Hanna a annoncé, le 7 décembre au soir, son départ en janvier. Une annonce qui intervient à la veille de la parution, ce mercredi, d’une nouvelle enquête du Monde sur ses méthodes de management.
 

“J’ai informé il y a quelques semaines le gouvernement de mon souhait de quitter la direction, après trois années d’une intensité exceptionnelle.” Le directeur interministériel du numérique (Dinum),Nadi Bou Hanna, a annoncé à ses équipes et partenaires, mardi 7 décembre au soir dans un courriel, son intention de quitter ses fonctions à compter de la mi-janvier 2022. Le directeur – un ancien haut fonctionnaire revenu dans le service public en 2018 à ce poste – annonce cette décision après trois années à la tête de la DSI de l’État. Nadi Bou Hanna avait pris ses fonctions en décembre 2019, après l’éviction de son prédécesseur, Henri Verdier, par le secrétaire d’État chargé du Numérique de l’époque, Mounir Mahjoubi.

“J’ai pu mesurer votre engagement sans faille à construire un service public plus numérique, plus humain, plus performant, et je suis fier d’avoir, avec vous, contribué à accomplir cette belle mission, dont les résultats ont été salués à de multiples reprises par le gouvernement et nos partenaires ministériels. Je vous en remercie très sincèrement”, écrit encore le patron de la Dinum dans son message. 

Et d’ajouter à l’adresse de ses troupes qu’il avait souhaité les “en informer directement, plutôt que vous ne l’appreniez par ailleurs”. Aucune raison n’est invoquée à ce stade, mais une nouvelle enquête du quotidien Le Monde a été publiée ce mercredi 8 décembre. Cette enquête revient sur des méthodes de management décriées en interne, et dont Acteurs publics s’était déjà fait l’écho, notamment dans une enquête parue en juin.

Le directeur du numérique avait alors entrepris de sonder l’adhésion des troupes à sa personne et à son projet dans un sondage interne. Révélé par Acteurs publics dès son lancement, ce “réferendum”, immédiatement avorté, secouait les usages et les habitudes de la fonction publique, régie par des règles qui ne laissent habituellement pas aux agents le loisir de s’épancher sur la légitimité de leurs dirigeants, nommés par le pouvoir politique. Un principe cardinal de la haute administration.

Cette initiative, perçue comme une tentative de reprise en main, intervenait alors que Nadi Bou Hanna se heurtait aux résistances de ses troupes, opposées pour une partie à la réorganisation menée en interne autour du programme “Tech.gouv” (à commencer par celle de son incubateur de start-up d‘État), déployé depuis son arrivée, et pour d’autres (parfois les mêmes) à sa vision du numérique de l’État et à son management de manière générale.

Plusieurs agents s’en étaient remis aux cabinets des ministres de tutelle successifs, à la direction des services administratifs et financiers du Premier ministre ou encore aux syndicats, sans que la situation n’évolue favorablement à leurs yeux. Et ce bien que plusieurs actions aient été mises en place pour accompagner la réorganisation de 2019 et la bascule prolongée au télétravail, comme le lancement d’une lettre d’information interne ou la nomination d’une médiatrice pour gérer les conflits.

Sollicité par Acteurs publics, le cabinet de la ministre de la Transformation publique, Amélie de Montchalin, explique que le départ de Nadi Bou Hanna intervient “à sa demande” et que le gouvernement a “d’ores et déjà engagé la recherche de son successeur”. Selon 3 sources concordantes, les recherches auraient commencé dès cet été, après la parution de notre enquête.

Droit de réponse de Nadi Bou Hanna
Au titre du droit de réponse régi par les articles 6-IV de la loi du 21 juin 2004 et 13 de la loi du 29 juillet 1881, Nadi Bou Hanna, directeur interministériel du numérique (Dinum), nous a demandé de publier le texte suivant en réponse à l’article d’Acteurs publics publié le 8 décembre 2021 sous le titre “En difficulté, le DSI de l’État va quitter son poste”. Nadi Bou Hanna quittera effectivement son poste au mois de janvier prochain.

“Acteurs publics a mis en ligne, le 8 décembre 2021, un article intitulé « En difficulté, le DSI de l’État va quitter son poste ». Il fait état de prétendues difficultés dans l’exercice de mes fonctions et laisse par ailleurs entendre que mon départ serait lié à la publication d’un article du Monde sur mes méthodes de management.
Cet article appelle de ma part les observations suivantes.
Je tiens d’abord à rappeler qu’après trois années passées à sa direction, je quitte la DINUM par choix personnel, pour me consacrer à de nouveaux défis professionnels après avoir pu contribuer à la transformation numérique des services publics, objectif qui m’était fixé par le gouvernement. Ce départ s’effectue dans un contexte social apaisé, malgré une crise sanitaire qui a considérablement exposé ma direction, en première ligne pour trouver et mettre en œuvre des réponses numériques permettant d’assurer la continuité du service public. Ce succès est le fruit d’un solide travail collectif, où la confiance et l’exigence ont constitué des valeurs clés partagées par toute l’équipe de la DINUM.
L’article établit un lien entre les « résistances (des) troupes, opposées pour une partie à la réorganisation menée en interne autour du programme Tech.gouv » et un sondage interne. Ce lien supposé est anachronique, puisque la réorganisation de la DINUM s’est tenue en octobre 2019, et le sondage interne en juin 2021.
L’article d’Acteurs publics indique que suite à mon arrivée en 2019, la réorganisation interne des services a donné lieu à un certain nombre d’alertes des agents, notamment auprès des syndicats, « sans que la situation n’évolue favorablement ». S’il est vrai que les organisations syndicales ont pu relayer des inquiétudes au début de la réorganisation, elles ne signalent plus désormais, dans les instances ad hoc, de doléances particulières quant au fonctionnement de la DINUM. Mme Mylène Majorel, secrétaire de la section CFDT des services du Premier ministre, a d’ailleurs indiqué à l’AFP, le 9 décembre 2021, que le syndicat avait fait des recommandations depuis 2019 « dont la grande majorité ont été mises en place » et que sur les dix derniers mois elle n’avait reçu aucun signalement de la part des salariés.
L’article fait par ailleurs état de l’existence de difficultés liées à mes méthodes de management.
Je répondrai en citant les résultats de la dernière enquête sociale, conduite début décembre 2021 auprès du personnel de la direction. Avec 75 % des agents de la DINUM qui décrivent leur moral comme bon ou très bon et seulement 7 % d’entre eux comme mauvais ou très mauvais, ces résultats rendent compte d’un climat de travail serein et fort éloigné des « résistances », des « tentatives de reprise en main » et des « méthodes de management décriées en internes » dont Acteurs publics dit se faire l’écho.
Les précisions que je tenais à porter à la connaissance des lecteurs viennent démentir les allégations qui véhiculent une image préjudiciable de mon action au sein de la DINUM et qui ne font pas honneur à l’engagement et à la qualité du travail de ses équipes.”

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Club des acteurs publics

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