Le bien-être au travail est une problématique éminemment managériale qui relève davantage d’une gestion d’équipes au quotidien que de règlements formels et autres textes de loi. Un constat en forme d’évidence, à écouter les interventions et témoignages formulés à l’occasion du petit-déjeuner débat « Gestion des ressources humaines et bien-être au travail » organisé le 19 février par Intériale, en partenariat avec Acteurs publics, autour de Nathalie Tournyol du Clos, directrice, adjointe au directeur des ressources humaines du ministère des Armées. Un rendez-vous qui s’inscrivait dans le cycle d’échanges qui prolonge la publication annuelle des baromètres « santé et prévention » d’Intériale.
Le capital humain est précieux, a relevé Nathalie Tournyol du Clos, pointant certaines « injonctions paradoxales », parfois constatées dans le secteur public, pour mieux souligner la nécessité d’une ligne de décision claire : « Il faut un chef, une mission, des moyens. » « Un manager doit aller bien », a-t-elle encore expliqué, il doit « aspirer le stress et diffuser de la sérénité ». Et c’est vers le manager que devraient se tourner les agents en difficulté, alors que le baromètre constate certes les attentes fortes des personnels publics en direction de leur hiérarchie, mais surtout qu’ils n’osent pas s’adresser à eux : ils voient des amis, pratiquent une activité de détente, prennent des congés ou lèvent le pied.
Il est donc urgent de réinventer la relation entre agents et hiérarchie et de favoriser l’instauration d’un climat de dialogue et de confiance.
Accompagnement dans la durée
Le ministère des Armées – comme celui de l’Intérieur – est particulièrement concerné par les situations de stress et de traumatisme, les militaires intervenant sur de nombreux théâtres d’opérations. Un enjeu très sensible qui suppose un accompagnement global, a analysé Nathalie Tournyol du Clos. Pour prévenir les situations et intervenir en direction des agents, a complété le président de la mutuelle Intériale, Gilles Bachelier, il faut tout à la fois connaître les situations – peut-être via l’instauration d’indicateurs – et proposer un accompagnement dans la durée, nécessaire alors que les conséquences d’une situation traumatisante interviennent parfois des semaines, voire des mois après qu’elle a eu lieu.
Ce déjeuner très instructif, auquel ont participé des experts et décideurs RH de haut niveau, a mis en lumière des réponses parfois relativement aisées à mettre en œuvre : encourager la pratique du sport – « un agent qui pratique une activité physique est mieux armé pour gérer les situations de stress au travail » –, aménager l’espace, prévenir les mauvaises postures, adapter les écrans de travail, etc.
Autre enjeu phare abordé : l’égalité entre les femmes et les hommes. « Un enjeu très structurant qui englobe celui du bien-être au travail, a témoigné Isabelle Guion de Meritens, présidente de l’influente association Femmes de l’Intérieur. Les femmes s’autocensurent parfois et se mettent davantage de pression pour réussir. » Là encore, la question doit être abordée très en amont, en détectant et en accompagnant celles qui seront appelées demain à occuper des postes à responsabilités, notamment via la constitution de viviers. Une problématique parmi de nombreuses autres qui touchent aux enjeux de bien-être au travail. Et de fait, comme s’accordaient à le dire tous les intervenants, à l’attractivité et à l’efficacité de la fonction publique.